mercredi, janvier 24, 2007
ORAL DE SOUTENANCE-COMMENT DEVENIR UNE TACHE CULTURELLE
ORAL DE SOUTENANCE- Damien MALINAS-VEUX
COMMENT ESSAYER DE NE PAS ETRE UNE TACHE CULTURELLE
SOUTENANCE DE THESE/
Madame la Présidente du jury,
Messieurs les rapporteurs,
Messieurs les Membres du Jury,
Messieurs mes directeurs de thèse,
Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie de votre lecture courageuse et de votre présence bienveillante. Je suis donc heureux de soutenir devant vous une thèse intitulée :
TRANSMETTRE UNE FOIS ?
POUR TOUJOURS ?
Portrait dynamique des festivaliers d’Avignon en public
Ce titre s’éclairera au fur et à mesure de cette présentation, cependant j’espère qu’il recèle un caractère éclairant et non obscurcissant car, avant tout, il doit être une aide à la compréhension de cette thèse dans la mesure puisqu’il est censé représenter son propos de la thèse.
Tout d’abord, je tiens à poser un erratum parcellaire car incomplet : je dois avouer qu’une « crémière fois » ne veut rien dire, même si j’ai cherché par des stratagèmes à même de justifier cette faute, je n’ai pas trouvé de métaphore laitière appropriée. En fait, il se peut qu’il s’agisse d’une erreur de traitement de texte, ou de correcteur d’orthographe. Il est plus certain qu’il s’agit d’une erreur humaine comme nombre de celles qui doivent truffer cette thèse. Plus important comme erratum est le fait de devoir pallier à un manque de cette thèse dans sa bibliographie, j’ai oublié de citer Marion Pelletier dont j’ai suivi, en tant que tuteur, durant deux années deux mémoires sur le Festival d’Avignon. C’est, sans doute pour moi, une erreur importante de posture pour un enseignant-chercheur et cela, d’autant plus, au regard de l’exemplarité que mes directeurs de thèse m’ont donné à voir en citant non seulement toutes leurs sources, mais aussi celles des plus jeunes, comme moi.
Maintenant, pour commencer à parler du Festival d’Avignon et de son public, je tiens à rappeler une anecdote rapportée au mois de septembre 2006 dans le quotidien La Provence : les pressings d’Avignon se sont inquiétés de voir apparaître des taches « particulières » sur les vêtements d’une partie de leur clientèle. Ces tâches identiques dans le dos des vêtements étaient caractéristiques car ne concernant que les festivaliers. Devait-on y voir les signes de reconnaissance d’une communauté comme les envahisseurs de David Vincent se reconnaissant à leur annulaire rigide ? Était-ce le marquage du troupeau ?
Toutes ces questions peuvent sembler cocasses, mais il n’en reste pas moins que le dispositif du festival s’est imprimé sur les spectateurs de la Cour d’honneur. En effet, seulement, eux ont été tâchés : l’empreinte de Jean Vilar fêtant la soixantième édition ? Non, en fait, les sièges de la cour marquaient les spectateurs. Mais ce n’est pas là l’important, on sait depuis longtemps comment le festival fait tourner les boutiques et donc, on le voit ici, les pressings, ce qu’il y a d’important ici est de voir le processus qui amène de simple tâches individuelles à devenir une tâche culturelle. Ces tâches individuelles doivent passer par leur mise en commun –on repère que toutes ces tâches sont similaires- et la reconnaissance de cette mise en commun par le dispositif du public et plus particulièrement celui de la Cour d’Honneur pour pouvoir devenir ensuite une tâche de spectateur : plus brièvement, si c’est une tâche de spectateur, c’est parce que c’est une tâche du public. Ces grandes questions sous-tendent la réflexion de cette thèse : peut-on être spectateur tout seul ? Ayant travaillé quelques années dans un théâtre du OFF, j’ai pu voir des pièces jouer pour trois ou quatre spectateurs, mais jouer pour une personne –un spectateur public en somme- : je ne l’ai jamais vu. Cette impossibilité me semblant être partagée tant du côté de la scène que du côté salle.
Plus globalement, cette thèse s’articule en deux parties. Une première partie s’attache à la description du dispositif et de la forme du Festival d’Avignon. C’est là qu’est interrogée la notion d’auteurité du festival : Qui le produit ? Qui s’attribue cette production ? Et qui la raconte ?
La deuxième partie est centrée sur les pratiques des festivaliers. Tout d’abord, celles-ci sont interrogées à partir de la notion de rythme afin de saisir leurs cycles, intermittences notamment grâce à la notion d’estivation. Ensuite, le statut de la première fois au Festival d’Avignon est envisagé sous les termes du rituel de passage : deviendrait-on, par exemple, un adulte culturel ? Enfin, la notion de transmission culturelle est revisitée à l’aune de celle d’héritage souvent employée pour décrire ce type d’échange particulier qu’est l’échange culturel dans la mesure où on ne peut rendre à quelqu’un ce dont il ne s’est pas défait : sa culture, toute ou partie de celle-ci.
Mais, tout d’abord, revenons, plus particulièrement, à cette soutenance car comme Jack Goody le signale, dans son ouvrage La raison graphique, la domestication de la pensée sauvage, il y a une spécificité de la pensée écrite et de la pensée orale : par exemple, je reviendrai moins que dans le manuscrit de la thèse sur les données chiffrées car il me semble, au regard de la linéarité de la parole, vain de vouloir retranscrire des tableaux dans une allocution. Remarquons qu’on peut alors me demander pourquoi ne pas projeter des données avec un PowerPoint, un écran et un vidéo projecteur ? Tout d’abord, je dois relever une part d’incompétence technique de ma part due à un sentiment de panique qui commence lorsque je dois choisir entre deux boutons. Ensuite, trop souvent, ces outils censés éclaircir la vision de l’auditeur la troublent par ce qu’on appelle du bruit dans la communication -bruit réel du vidéoprojecteur- et –bruit au sens plus général instruit par Shannon et Weaver-. En effet, comme le relève, Christian Morel, face à des objets techniques comme la vidéoprojection de figures, graphiques nombres et chiffres, tout le monde réagira si les donnée sont projetées à l’envers, mais si les données correctement projetées sont illisibles car trop petites, on verra tout le monde tendre le cou et plisser les yeux, mais rares sont ceux qui interpelleront le projetant afin d’adapter la projection. On remet en cause plus facilement l’humain que la technique. Toutes ces raisons m’ont poussé à penser depuis l’oralité cette soutenance de thèse. Ainsi, des copies des résumés, des sommaires du corps de thèses et des annexes ont été distribués aux membres de l’assistance, non pour suivre le déroulement de la soutenance, mais pour référer cette soutenance à aux écrits qui lui correspondent en premier lieu. Enfin, il a fallu penser l’oralité dans sa dimension physique et corporelle, ceux qui me connaissent savent que je n’ai pas une voix qui porte, je vous rassure, elle est capable de s’élever, et je suis capable de prendre ce que j’appelle ma voix de cours, d’enseignant quand la situation le requiert. Celle-ci ne nécessite pas de sonorisation comme aujourd’hui, mais, en fait, c’est parce que j’ai choisi de prendre la parole avec ma voix d’étudiant, plutôt que ma voix de cours, celle-ci, je le sais, est parfois hésitante et l’on se demande parfois si j’ai fini ma phrase ou si je dois la continuer. Ayant, dès ma première année d’études en sciences de l’information et de la communication, été inscrit à l’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, d’aucuns des enseignants du Département des Sciences de l’Information et de la Communication et du laboratoire Culture et Communication pourraient en attester. Ce n’est pas un simple effet de style et de justification destiné à me prémunir de ce que je redoute le plus. M’exprimer avec ma voix d’étudiant, c’est exposer la parole que j’ai du travailler, apprivoiser, domestiquer pour la faire passer d’un régime de pensée orale à un régime écrit. Refaire passer cette pensée à l’oral, c’est éprouver le chemin que ma pensée a parcouru tout au long de cette thèse et essayer de discerner ce qu’est ma voix en tant que chercheur : il me semble qu’elle n’est pas si éloignée que cela de ma voix en tant qu’étudiant.
Vous dire que je parle avec ma voix d’étudiant me rappelle à une problématique entamée depuis mon DEA à l’EHESS Marseille : celle de l’exposition des moyens, penser les dispositifs et les moyens de l’enquête, les montrer et jusqu’à quel point ? Il ne s’agit pas que les annexes deviennent le corps du propos, c’est s’interroger sur ce qu’Albert Camus, dans sa réflexion sur la fin et les moyens, notamment dans son ouvrage L’Homme révolté appelle la pensée des limites. Pour lui, en histoire, comme en psychologie, la révolte est un pendule déréglé qui court aux amplitudes les plus folles parce qu’il cherche son rythme profond. Mais ce dérèglement n’est pas complet. Il s’accomplit autour d’un pivot. En même temps qu’elle suggère une autre nature commune des hommes, la révolte porte au jour la mesure et la limite qui sont au principe de cette nature.
Loin moi, l’idée de révolte ou de volonté de révolter la sociologie ou les sciences de l’information et de la communication puisque, pour moi, une thèse est un exercice de discipline au sens plein du terme et comme Albert Camus le souligne société et discipline perdent leur direction si elles nient le « Nous sommes ». C’est cette discipline même qui permet à Howard Becker de pratiquer une induction analytique pas-trop-rigoureuse.
L’enquêteur, certes fictif, qui affiche le plus fort le principe d’induction est Sherlock Holmes : dès sa première aventure, L’Étude en rouge, il dialogue ainsi avec Watson :
- Pas de données, encore, répondit-il. C’est une erreur capitale que d’échafauder des théories avant d’avoir des faits. Cela fausse le jugement.
Conan Doyle
Je n’ai pas le génie et le courage de Sherlock Holmes de tout recommencer à chaque fois depuis les données. Certes, grâce et avec le Département des Études et de la Prospective puis des Statistiques, des données ont été produites lors d’enquêtes menées et j’ai participé à leur production depuis 1999. Le travail avec le DEP n’a pas été seulement une question de financement, mais un dialogue nourri sur la culture et un véritable apprentissage de ce qu’est une écriture qui doit pouvoir se lire. Plus généralement, les données sont constituées essentiellement de questionnaires, donc de statistiques, d’entretiens donc de retranscriptions. Cependant, si, par la pratique du terrain festivalier, elles se sont réellement construites autour de l’observation chère à Sherlock Holmes, le « Nous sommes » m’a permis d’aller plus loin à la fois parce que cette recherche était insérée dans un programme de recherche mais aussi parce la sociologie et les sciences de l’information et de la communication en tant que discipline m’ont donné un cadre de la parole avec un jargon et tout un vocabulaire de description du monde.
Enfin, parler avec ma voix d’étudiant est essentiel dans ce qui constitue un rite de passage que l’on souhaite accomplir pour ne plus être étudiant. À cette fin et sous les conseils de mes directeurs de thèse, je me suis procuré le 128 de Claudine Herzlich, Réussir sa thèse en sciences sociales, et je me suis particulièrement intéressé à la cinquième partie Finir et soutenir et à la rubrique La Soutenance :
C’est le grand jour ! Classiquement, on compare une soutenance de thèse à une pièce de théâtre. Vous êtes au centre de la représentation. Et dès le lever de rideau, vous devez commencer par la scène difficile qu’est l’exposé initial. D’où l’importance de l’avoir bien préparé. L’avantage, c’est que si vous vous en sortez bien, immédiatement tout ira mieux : avoir franchi ce cap vous permettra de maîtriser votre trac. Mais vous n’êtes pas la seule vedette. Les autres rôles sont également distribués et chacun des acteurs entend jouer le sien avec éclat. Le président du jury [par exemple] est une sorte de metteur en scène : il règle les temps de parole des et des autres et veille au bon déroulement de la représentation. […] Mais la métaphore théâtrale a ses limites : une soutenance n’est pas qu’un spectacle qui s’achève avec le baisser de rideau. L’enjeu, pour vous, est bien réel et il engage souvent durablement l’avenir.
C’est réellement un ouvrage très utile. Mais quelque chose me troublait à la lecture de ce passage : en fait, on voit ici très vite une confusion entre le côté scène et le côté public dans la métaphore basée sur la représentation théâtrale. Et c’est en redistinguant finalement cette confusion abusive que l’on veut finalement différencier de la soutenance de thèse. Pour moi, la grande différence entre la soutenance de thèse et le jeu d’un comédien est qu’un comédien redevient ce qu’il était avant la pièce, là où la soutenance de thèse est un rite de passage au sens de Van Gennep avec trois phases décrite par des étapes préliminaire, liminaire et postliminaire. Quand Claudine Herzlich souligne à l’attention du doctorant que L’enjeu, pour [lui], est bien réel et il engage souvent durablement l’avenir et que ceci qui différencie la soutenance de thèse de la représentation théâtrale, sinon c’est confondre la dimension de production et spectatorielle de la performance. Aujourd’hui, je ne doute pas de l’attention des spectateurs réunis en public pour cette soutenance de thèse, mais je leur fais confiance pour s’en remettre assez rapidement au moins dans sa dimension professionnelle à moins d’être éventuellement professionnellement concerné par la question que ce soit par l’entrée universitaire ou théâtrale. Donc, Claudine Herzlich a raison de différencier la représentation théâtrale.
Pourtant et alors même que cela paraît moins évident, L’enjeu […] réel, [celui qui] engage souvent durablement l’avenir peut résider dans quelques moments de sa vie spectatorielle, de ce que Jean-Claude Passeron appelle une carrière esthétique. Bien sûr, cette dimension est moins évidente à décrire que la dimension professionnelle des transformations : après avoir vu 200 pièces de théâtre, on ne devient pas spectateur de théâtre comme certains deviennent artistes avant même d’avoir jouer une pièce. Le Festival permet de saisir ce surcroît d’identité que donne la culture : on devient festivalier, on ne sait pas trop ce que cela veut dire, mais on peut le dire. On doit remarquer que la notion que la malléabilité de la définition de festival pose la question plus générale des formes plastiques que l’on peut investir de son petit panthéon personnel de symboles : elles prennent le sens qu’on leur donne selon celui qui parle et la situation dans laquelle il le fait. Cependant, nous avons pu trouver une définition du festival :
Le festival signifie un sacré ou un temps profane de célébration, marqué par des observances spéciales; la célébration annuelle de personn notable ou un événement, ou la moisson d'un produit important; un événement culturel consistant d'une série de fonctionnement de travaux aux beaux arts, souvent consacrés à artiste simple ou genre; une foire (un salon); gaieté générique, jovialité, fait d'être gai. Des utilisations de langue commune semblables doivent être trouvées dans toutes les langues romanes.
Alessandro Falassi, (sous la dir.), Time out of time, Festival : Definition and Morpholgy, University of New Mexico Press, Albuquerque, 1987, p 2. Trad. (D. Malinas-Veux)
Cette définition a le mérite d’être claire, elle définit bien, beaucoup, mais elle définit bien plus qu’«Avignon » : son objectif n’est pas de discriminer, discrétiser la notion de festival parmi d’autres, mais bien d’englober tout ce qui pourrait être un festival –de la fête votive à la foire…-. En fait, c’est le moment de situer à quel point moi, ce n’est pas une coquetterie que d’avoir à citer des références issues du monde anglo-saxon, y compris en anglais. Elles sont toujours traduites au long de la thèse sauf une : « Tease me, tease me, tease me baby, Till I loose control »- de Shaggy, exergue de l’introduction, extrait d’une chanson et dont la musicalité me semblait faire partie de la thèse. En fait, il y a des différences entre le monde anglo-saxon, ou québécois d’ailleurs et la France, c’est qu’à l’instar des fêtes votives, la notion de festival peut tout à fait être relié à la religion. En effet, c’est au Canada, lors d’un séjour de recherche à l’Université de Québec à Montréal, que des mots comme « république » et dimension républicaine du festival d’Avignon ont pris sens pour moi : il y a quelque chose à voir avec les fêtes révolutionnaires : comment se réunir ensemble hors de la religion (de la même manière, les vacances françaises liées au Front populaire sont les « holydays » -jours saints- dans le monde anglo-saxon). C’est une des raisons, entre autres, pour laquelle nous avons insisté dans cette thèse sur le fait que des festivaliers ne sont pas à confondre avec des pèlerins.
De façon plus resserrée sur la définition énoncée plus tôt, le festival d’Avignon n’épuise qu’en partie cette définition universelle de la notion du festival, c’est pour cela que nous avons essayé tout au long de la thèse de territorialiser nos propos par la description du dispositif dans l’espace et dans le temps, mais aussi dans le territoire de la pratique qui rassemble les festivaliers à Avignon : le théâtre. Beaucoup ont une idée précise de ce qu’est un festival, de sa pratique d’un festival, sait manifestement pointer du doigt un festival, le critiquer même et pourtant, définir la notion la notion de festival est des plus compliqués. Le festival est un dispositif et une forme dont le festival d’Avignon est une modalité d’investissement parmi d’autres. Cependant, le festival d’Avignon n’est pas n’importe quelle forme puisqu’elle a la capacité de remodeler la définition de ce qu’est un festival.
En territorialisant cette thèse aussi la sociologie et les sciences de l’information et de la communication en France, ce qui nous a frappé, c’est l’usage particulier que l’on y fait de la notion d’héritage. On hérite de tout, de la culture et cela du vivant des donateurs. Il a été important de repréciser la notion d’héritage et de repartir de la notion de transmission ce qui a permis, finalement, ce que pouvait un héritage comme un moment de la vie des transmissions sont réactivées. La notion de transmission a permis aussi un sens différent de l’échange que celui toujours descendant de la reproduction. Ce processus que l’on pu retrouver à l’œuvre dans la transmission culturelle depuis la Festival d’Avignon a été pointé et qualifié selon les termes de Gérard Lenclud en tant que filiation inversée. Enfin, repartir de la transmission culturelle a permis de sortir de la logique de palmarès -« Qui transmet plus que qui ? » et a permis de voir la transmission comme une coopération, une collaboration. Cela a plus généralement permis de réintroduire le monde dans la transmission culturelle, et notamment, la sphère amicale : au regard, de cette salle, on comprend quelles sont les premières données empiriques qui ont pu me faire penser cela.
Finalement, ce qui a été tenté dans cette thèse, c’est de dégager une spécificité de la transmission culturelle au regard des autres transmissions.
Spécificité de la transmission culturelle
La transmission culturelle doit être considérée dans sa spécificité et non en tant que sous-classe de la transmission et souvent confondue avec la transmission économique.
Transmettre, au sens général : c’est faire passer une chose d’une personne à une autre.
Transmettre économiquement : se défaire d’un bien économique que l’on a et le donner à quelqu’un qui en veut bien.
Transmettre culturellement : c’est faire passer quelque chose que l’on a sans avoir à s’en défaire et ainsi pouvoir le donner à quelqu’un qui peut le prendre sans avoir obligatoirement reconnaître cet échange.
Pour conclure, je vous remercie toujours de votre présence et maintenant de votre écoute patiente. J’aurai bien d’autres personnes à remercier et, je le ferai plus tard dans cette journée, car la liste est trop longue : le temps qui m’est imparti ne me le permet pas. Par contre, je voudrais m’attarder sur la nature de ces remerciements : la thèse est, comme on l’a vu, un rituel de passage. Mais la question qui se pose à ce passage est : « vers quoi ? ». Est-ce qu’on devient plus autonome ? Mais qu’est-ce qu’être autonome ? Ici, ce n’est certainement pas se désaffilier. Est-ce s’acquitter des dettes, régler l’addition par un merci en affirmant que l’on est assez bien maintenant, autrement dit que l’on n’a plus besoin de l’autre car on est à présent à son niveau ? Ou est-ce affirmer des liens parce qu’on des dettes ? De ces dettes qu’on ne rembourse pas et qui mettent, comme j’ai pu l’écrire dans ma thèse, la notion de don et de contre-don ? On peut taire ses dettes ou on peut les reconnaître. Céline écrit une phrase terrible car elle semble souvent juste : les gens se vengent des services qu’on leur rend. On pourrait dire que c’est une forme de reconnaissance de ce service. Mais, on peut aussi, par rapport à ses dettes, les affirmer et dire, à quel point, on est heureux de s’endetter auprès de certaines personnes et c’est ce que je fais car, aujourd’hui, que dans ce jury ou dans cette salle, il y a des personnes que je respecte. Il y a de nombreux éléments que j’aurais pu aborder ici et ces pages préparées et non lues en sont la marque. Mais, lorsqu’on parle de respect et de parole, je crois qu’il faut commencer par celui du temps de parole.
La soutenance de Monsieur Damien MALINAS-VEUX a parfaitement confirmé le sentiment d’excellence partagé qu’avait offert la lecture de la thèse présentée ce vendredi 3 novembre 2006 : Transmettre une fois ? Pour toujours ? Portrait dynamique des festivaliers d’Avignon en public. En effet, les prérapports avaient souligné la qualité exceptionnelle de ce travail tant du point de vue du contenu, de l’apport scientifique, que de la qualité de la présentation matérielle de la thèse.
Monsieur Damien MALINAS-VEUX a effectué une présentation de son travail subtile et originale et a su répondre aux questions qui lui ont été posées avec précision. Les qualités académiques de chercheur de Monsieur Damien MALINAS-VEUX ont été unanimement soulignées par l’ensemble des membres du jury.
Après délibération et vote individuel à bulletin secret, tous les membres du jury ont, en conséquence, décidé d’attribuer à Monsieur MALINAS-VEUX le
Doctorat en Sciences de l’Information et de la Communication
de l’Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse
Mention TRÈS HONORABLE AVEC FÉLICITATIONS À l’UNANIMITÉ
et préconisent la publication rapide de la thèse de Monsieur MALINAS-VEUX.
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1 commentaire:
j'adore ce texte. très drôle.
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