vendredi, janvier 26, 2007
Il n’y a pas « d’arrêt sur image » !
Il n’y a pas « d’arrêt sur image » !
Il nous a semblé utile de préciser ici que certaines des illustrations photographiques de cette thèse sont issues elles aussi du dispositif d’enquête qui possédait un pan dévolu à la saisie d’images. Ainsi le dispositif d’enquête a été doté de différents « yeux photographiques ». Ces yeux se sont formés empiriquement à Avignon. Tout d’abord, il y a eu les yeux de Pierre-Louis Suet , un regard d’enseignant-chercheur – spécialiste de l’image- en dialogue avec d’autres enseignants-chercheurs. Ce regard photographique sur les festivals s’est formé à Cannes en tant qu’une vision de « professionnel de la photographie ». Dans l’enquête « Avignon », Pierre-Louis Suet a développé ce même regard professionnel en photographiant notamment les différentes maquettes de la cour d’honneur présentées à la Maison Jean Vilar : c’est une restitution qui est attachée à l'ouvrage Avignon, le public réinventé.
En 2001, à la suite d’entretiens, un polaroïd était confié à des spectateurs avec une seule consigne : « Vous devez prendre une seule photographie du festival pour le raconter ». Une dizaine de photos ont été récoltées et toutes présentaient le point commun de ne mettre en scène aucun sujet vivant : des photos d’affiche, des photos de tracts mis en scène étaient les deux principaux sujets sauf une photo du tableau d’échanges et de revente de places au cloître Saint Louis , ainsi qu’une photo de l’entrée d’un théâtre du Off avec une affichette « spectacle en cours ». Cette entrée par le regard photographique des publics était trop restrictive, l’expérience réitérée n’amenant toujours qu’au même constat : celui de confirmer l’importance pour le festivalier de l’écrit et du visuel qui recouvrent les murs de la ville dans la médiation des spectacles du Festival d’Avignon.
À côté de cette saisie photographique, on a demandé à un comédien n’étant jusqu’alors jamais venu au Festival d’Avignon de balader son regard et de photographier ce qui l’impressionnait. Ce comédien, Sébastien Roch, disposait d’un appareil photographique numérique et ne souffrait donc pas de limites dans le nombre de photographies à prendre : il devait seulement vivre une vie de festivalier découvrant « Avignon » en fonction de ses préoccupations de comédien. Sébastien Roch a pris 3500 photographies . De semblables confrontations d’un regard vierge de pratiques du festival avec son image préexistante, celle que l’on se fait avant de faire le festival, ont été réitérées par deux fois en confiant une mission photographique à Christophe De Saint Denis en 2003, et à Guillaume David en 2004, tous les deux enquêteurs primo festivaliers.
Ces photographies ne sont pas des arrêts sur image. Le festival est un processus, un événement : il est donc constitué de temps, ce n’est pas dans l’espace de la pause que les clichés photographiques doivent se penser. Ces photographies sont des regards qui ne prennent sens que les uns par rapport aux autres. Ces déplacements de photographes en photographes autorisent des angles de vue différents sur le festival qui finissent par engendrer un espace de vision de l’enquête. Cette vision est un outil précieux de restitution comme on a pu le voir, mais c’est aussi un instrument de réactualisation. De la même manière que les responsables scientifiques de l’enquête sont d’appartenances géographiques et générationnelles différentes, les membres de l’équipe d’enquête n’ont pas le même niveau de pratiques du festival. Le temps long de l’enquête amène l’œil à s’aguerrir, mais aussi à s’habituer au Festival d’Avignon. Ces photos confrontent cette habitude et l’objectivent : ces différentes subjectivités, ces différents auteurs photographiques mettent en relief le festival comme autant de différents éclairages. L’attribution des photos présentée dans cette thèse est presque aussi importante que les objets qu’elles représentent.
Vous pouvez utiliser ces photos en les citant :
« Enquête sur les publics du Festival d’Avignon » Emmanuel Ethis, Jean-Louis Fabiani, Damien Malinas-Veux – photo prise par Christophe De Saint Denis.
Veuillez nous signaler leur utilisation : damien.malinas@univ-avignon.fr Merci.
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