Spectacle vivant et culture d'aujourd'hui - Une filière artistique à reconfigurer
Philippe Henry
Damien Malinas (Préfacier)
Paru le : 02/04/2009
Editeur: PUG
Collection: Art culture publics
Nb. de pages: 199 pages
Philippe HENRY est maître de conférences, habilité à diriger des recherches, au département Théâtre de l’Université Paris 8 – Saint-Denis. Sa recherche porte principalement sur la sociologie économique des arts de la scène et plus particulièrement sur l’étude des organisations théâtrales les plus modestes. Etudes publiées dans Théâtre / Public. Coordination de Arts vivants en France : Trop de compagnies ?, Editions l’Espace d’un instant / Synavi, 2007
Pour ceux qui veulent encore changer le monde…
Il y a de ça deux ans, à la suite d’un de ces cours de début d’année où on pose les cadres, références, sources, doctrines…, bref où j’égrenais une bibliographie sur la culture, j’ai été saisi par une étudiante, Colette : « Rien qu’aux titres des bouquins - Crise, fin, échec, essoufflement, incertitude, défendre, conflit, limiter, tragédie, malaise, tyrannie - que vous nous donnez à lire, on a bien compris que ça a changé… Et que nous, on n’y peut plus rien. Qu’on devra faire avec … Que le monde qu’on nous donne, il faut qu’on le prenne comme il est et que sinon, on n’a qu’à se casser». À vrai dire, je restais coi devant ce qu’elle venait de relever dans le cynisme de la situation, transmettre des savoirs sur la culture équivaudrait donc à en prévenir ceux qui voudraient y participer en en faisant leur vie professionnelle. Je peux ne pas renier cette dimension et même, y participer. Par contre, transmettre le fait qu’on ne puisse rien y faire m’a lancé depuis dans une longue discussion avec les étudiants en essayant partiellement de relativiser la corrosivité face à l’avenir de ces titres à un principe plus éditorial que descriptif du monde de la culture : je n’ai pas tout le temps réussi. Ceci dit, cela ne veut pas dire que le monde de la culture est rose, univoque, que ses pratiques ne sont pas complexes dans une société encore plus complexe où le modèle social ébranle les légitimités culturelles telles qu’on les a souvent décrites. Il vaut mieux aller en vacances à Bali et jouer au golf plutôt que d’aller au théâtre, en festival, lire des romans, écouter de la musique… Pourtant, il ne suffit pas de dénoncer Bali et le golf pour donner sa place à la culture, il faut la remettre dans son écologie. C’est ce que fait Philippe Henry en interrogeant la place du spectacle vivant et de la culture à l’aune des médias et des nouvelles technologies. Plus encore que l’écologie, il interroge l’économie de cette culture médiatiquement revisitée et comment ce système intègre et renouvelle des pratiques et stratégies identitaires. Et, il a raison : Colette, suite à nos échanges et surtout ceux avec ses camarades a créé sur Face Book, réseau social sur le net destiné prioritairement à rapprocher les étudiants et dipômés, un groupe intitulé Ceux qui veulent, espèrent, peuvent et vont changer le monde !! , ils sont 58. C’est un début.
Le principe de cette collection étant que l’auteur précédent préface l’auteur suivant, je n’ai « en vrai » jamais discuter avec Philippe Henry, pourtant, en lisant son ouvrage, c’est cette discussion qui s’est continuée et elle m’a changé. La forme la plus opératoire de ce changement est que, maintenant, par la manière dont y sont agencés, énoncés les idées, les propositions, les exemples, est qu’elle offre des points de discussion et d’appui pour changer le monde du spectacle vivant, de la culture et un peu plus, dans la mesure où Philippe Henry lui-même pense que ce milieu est exemplaire de la mue dans laquelle est engagée notre société. Il s’appuie sur des exemples concrets, mais ce n’est pas un rapport. Il ouvre des pistes, mais ce n’est surtout pas un audit. Ce qui nous est proposé ici ce sont des bases pour construire un projet avec les porteurs de projets.
Philippe Henry, Maître de conférences habilité à diriger des recherches en Études Théâtrales. Il propose ici une analyse qui ne se contente pas d’être d’interdisciplinaire –esthétique, sociologique, économique, communicationnelle -. Elle part de l’objet - monde de la culture- en interrogeant ses tensions, équilibres et déséquilibres depuis la précarité, au soutien et à la politique publics. En regard de cela, il s’intéresse aussi aux modes de gestions et formes juridiques privilégiés dans une véritable volonté d’autonomie face à la grande dépendance aux changements et à leurs orientations que vivent, en ce moment, les structures et formes culturelles. Pour le sociologue que je suis, il s’intéresse au modèle de production d’une œuvre telle que le décrit Howard Becker « en tant que produit d’une action collective : l’œuvre est alors au cœur d’une chaîne de coopération rattachant tous ceux qui participent à l’existence celle-ci ».
Comme cela a été le cas pour moi, cette année Colette, en tant que participante au monde de la culture - étudiante vouée à être une professionnelle, mais plus simplement en tant que passionnée- sera être enthousiaste de la lecture de cet ouvrage.
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