mercredi, février 25, 2009

Aux fourmis et poissons "de petite taille" : Small is beautiful comme l'Université d'Avignon, d'Evry, du Mans, de Cergy, du Havre, de La Rochelle...



http://leblogdeleducation.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/02/26/le-mythe-de-l-universite-egalitaire.html

http://fr.wikipedia.org/wiki/Patrick_Fauconnier
Patrick Fauconnier est le fondateur du magazine Challenges. Il est aujourd'hui journaliste au Nouvel Observateur. Il a aussi écrit le livre "La fabrique des "Meilleurs"", publié en 2005. Ce livre présente une critique du modèle d'enseignement supérieur français que Patrick Fauconnier considère comme trop élitiste.

Actionnaire : personne morale amorale, affectée d'un trouble oculaire spécifique : dans des comptes financiers, elle ne peut lire que la ligne du bas, celle du résultat. Luc Fayard
Extrait du Dictionnaire impertinent des branchés

Ne pas attendre l'avenir, le faire

En même temps que le statut des enseignant-chercheurs est remis en cause, se pose la question des personnels BIATOSS –administratifs et techniques- dont les postes doivent être pérennisés, mais aussi créés et les carrières valorisées afin de pouvoir assumer pleinement leur mission dont une trop grande partie a été transférée aux enseignant-chercheurs dans le temps. En effet, au moment où l’on construit la notion de Gestion des Ressources Humaines, il est important de dire que ce transfert des pratiques administratives vers les enseignant-chercheurs est du à une dégradation des conditions de travail des BIATOSS qui aboutit bien trop souvent à une incompréhension entre ces deux corps de l’université chacun ruminant : comment est-ce que je peux toujours prendre de plus en plus de tâches administratives de différentes natures sur mes épaules et ne jamais en voir le bout ? C'est l’autre ? Au moment ou l’on veut donner l’autonomie aux universités, il faut les stabiliser et consolider les postes des contractuels pour que les enseignant-chercheurs puissent faire leur travail pour les étudiants : piloter, valoriser les formations dans une logique de prospective et d’invention. En effet, on ne peut prédire le marché de l’emploi à cinq ans et les nouveaux métiers qui le régiront. C’est pour cela que la recherche appliquée mais aussi fondamentale nous permet de nous construire et d’inventer les formations en n’attendant pas l’avenir, mais en le faisant.



Grosses et grandes pressions face à la dépression ?

Gravement, le nouveau mode de calcul appelé «SYMPA» ne prend pas en compte le contexte de l’université d’Avignon et des Pays de Vaucluse et celui des petites universités : il met en péril toutes ses formations, y compris celles qui jouent et réussissent le jeu de l’évaluation. Dans la situation de sous encadrement qui est la nôtre, l’évaluation doit nous conduire à la valorisation des moyens et non à la suppression de ceux-ci.
C’est pour cela que l’initiative du CURIF est amorale :
Treize universités dites "de recherche intensive" se sont regroupées fin 2008 au sein d'une coordination, la CURIF. Cette "Coordination des universités de recherche intensive françaises", réseau parallèle à la Conférence des présidents d'université (CPU), entend ainsi faire pression sur les pouvoirs publics.
http://www.educpros.fr/detail-article/h/b5fc98b9e1/a/jean-charles-pomerol-president-de-lupmc-la-curif-un-groupe-de-lobbying.html
Au lire de ce texte, je ne peux m’empêcher de repenser à ce drôle de moment où j’avais été emmené par mon Président, au ministère, à la réunion université – grandes écoles : deux mondes se regardaient. Des représentants invités des « anciens » des grandes écoles discutaient derrière moi d’une visite qui avait été organisée pour eux au Louvres. Il s’agissait dans leurs mots d’une analyse des œuvres en termes de relations de pouvoir. Sous cet angle, Napoléon au pont d’Arcole est un chef-d’œuvre… hommage au créateur ! Chargé de mission culture de notre université à Avignon, je m’obstine à penser que la culture qui nous individualise et nous construit collectivement en même temps peut devenir autre chose qu’un instrument de domination et de reproduction de l’élite, elle est le lieu de la communauté universitaire de l’étudiant et du BIATOSS, de l’enseignant-chercheur et l’auditeur libre, de l’artiste et du passant, du diplômé, du professionnel et du chômeur. Aussi, j’étais impressionné de ce que j’entendais. D’autant plus lorsque la Ministre insista sur le rapprochement entre les grandes écoles faiblement reconnues au niveau international et les universités devant apprendre la professionnalisation et notamment des réseaux d’anciens mis en place chez les précédents. Ce que j’étais en train de faire regardant et écoutant les deux congénères, sourire coincé aux lèvres, commentant : il suffira d’attendre.



Les petites universités sont les mailles du filet territorial...

Dans les manifestations avignonnaises, un refrain en forme de comptine "Petit poisson nage aussi bien que les gros...". En effet, l'Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse n’est ni grosse ni grande. Parfois, on dit d’elle qu’elle est de proximité, car on n’ose pas dire populaire – 43% de boursiers dont la moitié à l’échelon 5 (le plus haut) -. Elle n’est pas de proximité, elle accomplit sa mission sociale de service public comme autre part, mais plus qu’autre part.

« Le service public de l'enseignement supérieur contribue […] à l'élévation du niveau scientifique, culturel et professionnel de la nation et des individus qui la composent ; [… ] à la réduction des inégalités sociales et culturelles et à la réalisation de l'égalité entre les hommes et les femmes en assurant à toutes celles et à tous ceux qui en ont la volonté et la capacité l'accès aux formes les plus élevées de la culture et de la recherche. »
« Le service public de l'enseignement supérieur a pour mission le développement de la culture et la diffusion des connaissances et des résultats de la recherche. Il favorise l'innovation, la création individuelle et collective dans le domaine des arts, des lettres, des sciences et des techniques. »
(Loi n° 84-52 du 26 janvier 1984 sur l'enseignement supérieur, articles 2 et 7)



Le Vaucluse est le département le moins diplômé de France –18% de la population- et à Avignon, seulement, 40% des habitants payent l’impôt sur le revenu. Même si elle a plus de 700 ans, c’est seulement depuis 1984 et son plein exercice qu’elle est un des leviers de l’action sociale et économique de territoire. Son existence pleine et entière est la garantie de la continuité territoriale du service public. Il n’y a pas de misérabilisme, ici, mais quel sens aurait la notion d’université de proximité dans une ville qui n’aurait que 3,8% de HLM là où la SRU en demande 20% ? Mon université est petite et sociale, mais elle est aussi reconnue et attractive internationalement par ses formations et sa recherche –10% d’étudiants étrangers sur l’ensemble et un tiers en doctorat-. Depuis son conseil scientifique et son collège doctoral, elle tient une politique scientifique forte. Elle est même reconnue parfois nationalement comme le Premier Ministre François Fillon le soulignait récemment :

Notre projet culturel, c’est aussi l’université, débouchée naturelle de cette éducation humaniste que nous voulons continuer d’entretenir. J’attache une importance particulière à l’autonomie des universités que nous avons désormais rendue possible. Du Moyen-Age à l’âge classique, les universités européennes ont tiré de leur indépendance intellectuelle leur indépendance financière, et de leur indépendance financière leur indépendance juridique. Eh bien, aujourd’hui, l’autonomie de nos universités, c’est une chance de recouvrer cette liberté ; c’est une chance de nouer avec leur territoire, avec les entreprises, avec les industriels, avec les organismes de recherche, des partenariats d’avenir. Je pense aux partenariats qu’une université comme celle d’Avignon, chère Marie-José, pourra nouer dans le futur avec les industries culturelles, grâce à sa notoriété, grâce à son histoire, grâce à la mise en place de formations ou d’unités de recherche spécialisées. Je pense que nous avons ici, en région, le germe d’une première université française de la culture.

http://www.premier-ministre.gouv.fr/acteurs/interventions_premier_ministre_9/discours_498/intervention_francois_fillon_forum_61647.html

Small is beautiful comme l'Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse

Schumacher, économiste ayant travaillé avec John Maynard Keynes et John Kenneth Galbraith, a proposé l'idée "small is beautiful" : une forme spécifique de décentralisation. Une grande organisation pour travailler, selon Schumacher, doit se comporter comme un groupe lié de petites organisations. Le travail de Schumacher a coïncidé avec la croissance de soucis écologiques et avec la naissance de science de l'environnement.
L’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse et les autres petites universités sont « beautiful ». Et puisqu’il est sans cesse question de classement et que la beauté est une affaire de goût, il est plus qu’urgent de se rappeler que les premières universités du palmarès de Shanghai seraient, dans le cadre de la norme « sympa », désavantagées dans leurs moyens, car trop petites par leur nombre d’étudiants. Il ne faut donc pas changer la masse structurelle des universités, mais celle de leurs moyens.

mardi, février 10, 2009

Pour un service public : ne pas attendre l'avenir, le faire



Est fonctionnaire : une personne employée et nommée par une personne publique dans un emploi permanent, et titularisée à son poste dans un grade de la hiérarchie administrative.

Maîtres de conferences : pour commencer, 1680 euros net.



Depuis 1984, les universités doivent participer « à l'élévation du niveau scientifique, culturel et professionnel de la nation et des individus qui la composent […] ; à la réduction des inégalités sociales et culturelles et à la réalisation de l'égalité entre les hommes et les femmes en assurant à toutes celles et à tous ceux qui en ont la volonté et la capacité l'accès aux formes les plus élevées de la culture et de la recherche. ». « Le service public de l'enseignement supérieur favorise l'innovation, la création individuelle et collective dans le domaine des arts, des lettres, des sciences et des techniques ».