mardi, mars 13, 2007

À la licence des étudiants !



Il y deçà quelques mois, lors d’un cours avec les licence 3 « sciences de la communication » de l’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, entre 17h00 à 20h00, horaire que j’affectionne particulièrement, s’est produit un événement dans ma carrière de jeune enseignant-chercheur zélé et, certainement, un peu prétentieux.

J’ai omis de faire la pause. Plus exactement, étant lancé dans ce que les collègues de sciences de l’éducation appellent, je crois, une séquence pédagogique, autrement dit un tunnel d’où on ne peut sortir qu’à là fin si on veut que les étudiants ne perdent pas le fil et que, soi-même, on arrive à le retrouver, j’ai royalement accordé une pause à 19h15 et non à 18h30 comme le veut l’usage. De retour de pause, ce n’est pas 3 ou 4 étudiants qui avaient été perdus comme à l’habitude, et ce pour des raisons plus ou moins justifiées, de l’UE d’ouverture, des bus et trains…, mais approximativement, 32 étudiants évaporés. Mon ego d’enseignant fut touché (en fait, je ne crois pas, mais une partie des étudiants l’ont cru), cependant, il m’en restait quelques uns et je leur affirmais que si ce cours avait été sanctionné par un partiel et non par un dossier, les démissionnaires du jour auraient toujours été là (ce que je croyais). Malheureusement, à l’université, les absents n’ont pas toujours tort et, c’est donc aux présents que je m’adressais.

C’est au cours suivant que je suis arrivé avec un carton jaune collectif « pour toute la promo » : répondre en une page à la question « À quoi servent les études ? » à partir d’une pièce de théâtre de David Mamet. Il me semblait que cela avait au moins l’avantage de servir aux uns et aux autres. Puis, nous sommes rentrés en discussion comme on rentre en affaire. Les étudiants ont et, à juste titre, argué de la masse de travail qu’ils avaient que ce ne n’était pas après moi qu’ils en avaient et que je ne devais pas "personnaliser". Je leur répondais que je ne personnalisais pas non plus et que je ne pensais à aucun moment qu’ils soient venus par défaut et ou soient en permanence en défaut , ce qu’on dit malheureusement trop souvent des étudiants à l’université. Une étudiante m’a alors interpellé sur mon manque de professionnalisme dans la mesure où je ne différenciais pas les étudiants dans l’adresse que je faisais à leur encontre. Je dois reconnaître que cela doit être un défaut de sociologue des publics travaillant depuis les sciences de l’information et da la communication : je fais confiance à ceux qui reçoivent le même message pour s’individualiser et, parfois, à partir de ce qui peut devenir une expérience, créer du lien.

J’ai donc proposé aux étudiants de rendre leur page après les jurys du premier semestre, en leur signalant que j’étais tout à fait conscient qu’ils pouvaient ne pas la rendre et ne subir aucune sanction autre que celle de leur conscience professionnelle.

Les ¾ des étudiants ont rendu cette page. J’ai été très impressionné par ce qu’ils y racontaient et je leur ai proposé de publiciser leurs paroles, car je les trouve utiles pour d’autres et pas uniquement, étudiants ou enseignants. Cela a donné lieu à un blog :

http://etudesencommunication-avignon.blogspot.com/

Je remercie donc les étudiants de licence de cette leçon entre nous qui a fait que les présents et les absents avaient raison, que j’ai eu l’impression d’éprouver le sentiment de communauté universitaire, et qu’après avoir lu leur texte, les démissionnaires de ce jour-là n’auraient certainement pas plus été là, s’il y avait eu un partiel à la place d’un dossier, que les étudiants ne sont pas là que pour les notes.

Si un étudiant de licence 3 tombe sur cette page, (et non pas de licence 4, la réforme LMD a eu chaud en France), je serai très heureux qu’il puisse, peut-être, découvrir d’autres définitions d'une licence :

Permission, liberté qui est accordée à quelqu'un.

Autorisation délivrée par l'Administration d'exercer certaines activités économiques et plus particulièrement commerciales, moyennant redevance ou non. Droit de licence; licence de débit de boissons

Grade universitaire intermédiaire entre le baccalauréat et le doctorat et donnant accès à diverses fonctions; ensemble des études qui préparent à ce grade; diplôme correspondant à ce grade.

Licence libre. Licence dont les certificats étaient choisis par l'étudiant sauf incompatibilité, mais ne donnant accès ni aux concours de recrutement de l'enseignement public ni à cet enseignement. Auparavant, la sociologie constituait (...) la matière unique d'un certificat d'une licence libre.

Autorisation de pratiquer un sport dans le cadre d'une fédération et de participer aux compétitions; carte l'attestant.

État de dérèglement moral dans lequel vit une personne ou une collectivité. Licence effrénée; licence des camps (militaires).

Caractère d'un acte, d'une œuvre qui reflète une trop grande liberté morale. Licence des mœurs.

Liberté que prend un écrivain, un artiste ou qui lui est laissée par l'usage, d'enfreindre certaines habitudes, certaines règles de son art; ce qui en résulte.

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