jeudi, mars 29, 2007

La démocratisation culturelle. Une médiation à bout de souffle



Auteur(s) : Jean Caune
Editeur : PUG
Date parution : le 06/07/2006 - ISBN : 2706113405
Nombre de pages : 205

L'art présente une dimension politique. Ne serait-ce qu'en raison des conditions de sa production et des dispositifs socio-économiques de sa diffusion. Alors que l'art modèle les comportements et les attitudes sensibles, les conditions de sa réception, dans l'espace et le temps de la collectivité, ont trop souvent été négligées. Le génie rhétorique de Malraux aura été de proclamer, dès 1935, que l'héritage culturel se conquiert; cette conquête, qui présuppose une volonté politique, se réalise par l'attention à l'oeuvre d'art. Le lyrisme de Malraux a su témoigner de la capacité de l'art à forger une sensibilité commune et, par là même, à contribuer à la construction d'une communauté culturelle. Son talent politique a su convertir le souffle de son verbe en force d'entraînement. Ainsi la conjonction du discours et de la conviction a eu un effet fondateur : avec la création du ministère des Affaires culturelles, en 1959, la Ve République se fixait la mission de «rendre accessibles les plus grandes oeuvres au plus grand nombre d'hommes» [Malraux, 1996, 257]. La volonté de lutter contre l'inégalité d'accès à la culture se fondait sur la confiance en l'universalité de la culture qu'il s'agissait de faire partager. En faisant de la culture un objet de sa politique, l'État français se donnait, dans les années 1960, un nouveau moyen d'assurer la cohésion nationale, d'orienter les transformations sociales et de définir des pôles d'identification. Ce discours, mis en acte dans une politique, prolonge le «Grand récit» qui fait de l'art une activité autonome et lui reconnaît, dans sa fonction historique, un rôle de transmission de valeurs universelles par la médiation de la forme.

Jean Caune est professeur émérite à l’université Stendhal de Grenoble. Après avoir été comédien et metteur en scène, il a mis en place le centre d’action culturelle de la Villeneuve de Grenoble et dirigé la maison de la culture de Chambéry (1982-1988). Chercheur au Gresec, ses travaux recouvrent le domaine des pratiques esthétiques envisagées comme processus de médiation culturelle.

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