lundi, mai 14, 2007

12-13 minutes poste 00(9)7 devant la commission de spécialistes en 71ème section de l’Université d’Avignon




Monsieur le Président de la Commission de spécialistes,
Mesdames les membres de la Commission de spécialistes,
Messieurs les membres de cette même commission,

Je vous remercie, tout d’abord, de la lecture attentive que vous avez accordée à mon dossier et de la bienveillance que vous manifestez à l’égard de cette candidature en m’auditionnant, aujourd’hui.

J’ai donc l’honneur de présenter devant votre commission ma candidature au poste de maître de conférences Publics de la culture, festivals, cinémas - 0097- et cela au sein du Département des Sciences de l’Information et de la Communication de votre université.

L’exposé de ma candidature se déroulera en trois temps – tout d’abord, ma lecture de l’université d’Avignon et des Pays de Vaucluse et le département des sciences de l’information et de la communication-,-ensuite un retour sur mon parcours et ce que j’ai pu en apprendre-, - , puis un troisième temps donnera brièvement une cohérence à des thèmes de recherche qui peuvent sembler hétérogènes.

Généralement, au travers d’un régime assez descriptif, à partir du profil de poste 0097, je vais tenter de donner à voir un projet avignonnais au sein d’une équipe d’enseignement et de recherche déjà cohérente.

Je commence donc par un retour sur l’université d’Avignon et des Pays de Vaucluse et son département des sciences de l’information et de la communication.
Celui-ci été créé en 1984 alors même que cette université recouvrait un exercice de plein droit après avoir été un centre universitaire depuis 1963. L’année 1984 est aussi celle de la loi sur l’enseignement supérieur.
Depuis, ce département a développé son identité dans le même mouvement que les sciences de l’information et de la communication en tant que discipline et 71e section universitaire entre professionnalisation, interdisciplinarité et affirmation disciplinaire.

La professionnalisation, donc, procède par un accent mis sur un volume d’interventions d’extérieurs communément appelés les professionnels ou comme Godard les appellent « les professionnels de la profession ». Cette professionnalisation passe aussi par une affirmation croissante des stages dans les formations, par le développement de diplômes aux moyens spécifiques de type deug réformé, MST, DESS, IUP, Masters professionnels mais aussi, le création de réseaux de diplômés (j’ai moi-même pu participer à la création de l’association de professionnalisation des diplômés du Master Culture et Communication). Selon moi, la professionnalisation au sein de votre département procède aussi par la recherche. Et ce n’est pas la moindre des spécificités avignonnaises, en développant autour d’axes de recherches clairs. Le laboratoire a su développer des liens visibles et tangibles avec des mondes clairement identifiés : d’un côté ceux du patrimoine, des musées et des expositions, et de l’autre côté ceux des festivals et des cinémas. Ces liens engagent de grandes institutions culturelles par des collaborations, des conventions de recherche mais aussi au travers du versement de la taxe d’apprentissage. On peut citer en rapport avec le profil du poste 0097, et entre autres : le Festival d’Avignon, la Chartreuse, la Maison Jean Vilar, le Festival de Cannes, les cinémas Pathé Avignon… À Avignon, la recherche étaye et structure les rapports aux mondes de l’art, de la culture et à la professionnalisation.

Pour continuer sur l’interdisciplinarité et, en même temps sur la question de l’affirmation disciplinaire, questions qui taraudent les sciences de l’information et de la communication, il faut dire qu’Avignon répond à cette problématique au travers de deux niveaux de réponses : institutionnel et scientifique. L’inscription dans la SFSIC, les liens avec l’EHESS en véritable partenaire ne prennent de sens qu’à l’aune de collaborations scientifiques qui dépassent la simple étude des faits de communications, et les abordent aux travers de notions définitoires des sciences de l’information et de la communication comme celles de –dispositifs, médiations, formes…- mais aussi celles de -publics, de pratiques, d’enquêtes…-. D’autre part, Avignon, par ses préoccupations doctorales, affirme son identité au sein des sciences de l’information et de la communication dans le cadre plus large des sciences humaines et sociales. Cette affirmation passe par la professionnalisation de docteurs formés dans la discipline qui sont souvent assez décomplexés par rapport à la question de l’identité disciplinaire, peut-être trop ? peut-être suis je en train de parler de moi ? Mais, penser le rapport à la discipline doit se faire dès les premiers cycles en se rappelant que les sciences de l’information et de la communication ne sont pas enseignées au lycée dans les filières générales.

On peut donc dire que depuis 1984, Avignon a su développer ses formations jusqu’au niveau doctoral et cela jusqu’à un niveau international, a su transformer ses cycles de formation au fur et à mesure des réformes et s’apprête, après avoir été Jeune Équipe puis Équipe d’accueil, à fonder avec l’EHESS et son centre marseillais le centre Norbert Elias, UMR CNRS, EHESS, université.

Comme vous avez pu et aller de nouveau le constater, la formation et la recherche que j’ai développées sont largement liées à cette identité avignonnaise, mais pas uniquement. C’est donc ici que j’amorce le deuxième temps de ma présentation : un retour sur mon parcours.

J’ai effectué mon cursus de premier cycle en de DEUG Médiation Culturelle et Communication, à Avignon.

J’ai ensuite effectué une Maîtrise de Conception Multimédia, toujours dans cette même université, et cela m’a permis, d’une part, d’effectuer un premier mémoire sur le dispositif du festival de Cannes et d’autre part, d’assimiler la logique des ateliers. Ce mémoire a été effectué sous la direction d’Emmanuel Ethis dans le cadre d’un stage.

À chaque moment de choix de carrière universitaire et professionnelle, j’ai toujours prudemment, longuement mûri et enfin fermement, pris mes décisions.

Après avoir hésité à m’engager dans un DESS, je me suis engagé dans une idée professionnelle de la recherche dans le cadre d’un DEA à l’EHESS sous la direction de Jean-Louis Fabiani qui pouvait m’amener idéalement à travailler à la radio, expérience que j’ai en partie éprouvée en collaborant avec Jean Lebrun pour France Culture ou, autre idéal, à continuer en thèse.

Grâce à l’encadrement de Jean-Louis Fabiani, d’Emmanuel Ethis et de Jacques Cheytonnaud, je suis sorti major de ma promotion avec un mémoire sur les pratiques cinématographiques des étudiants à partir de l’exemple de l’Université d'Avignon. J’ai eu la chance de présenter une allocation à l’Université d'Avignon. J’ai choisi de faire cette thèse à l’université sous la direction de Jean-Louis Fabiani, directeur d’études à l’EHESS et d’Emmanuel Ethis, professeur des universités, car pour moi, l’université est un lieu privilégié de la recherche par sa vocation même à la transmettre. L’objet de cette thèse est lui-même construit autour de la transmission culturelle au Festival d’Avignon.

Cette allocation a été chapeautée par un monitorat, succédée par deux années d’ATER et je suis actuellement en poste sur un contrat à durée déterminée. Au cours de ces quelques cinq années de travail au sein de l’université, j’ai pu commencer à saisir les missions ou au moins l’ampleur des missions universitaires : administration – enseignement – recherche.

L’administration procède selon trois niveaux qui ne sont pas exclusifs, les catégories suivantes sont donc avant tout descriptives :
- un premier niveau que l’on pourrait qualifier d’ordinaire : il comprend l’encadrement, le suivi des étudiants, de leurs travaux, la participation aux jurys, et ce que je ne connais pas la présidence des jurys de baccalauréat ;
- un autre niveau engage la responsabilité administrative et pédagogique et donc, par exemple, la présidence de jury par les responsables de formation (à des niveaux plus élevés, la capacité à être ordonnateur). Ce niveau, je l’ai éprouvé partiellement au travers de la coresponsabilité pédagogique de la spécialité stratégies du développement culturel et des parcours publics de la culture au sein du master culture et communication ;
- un autre niveau politique correspond à la vie civique de la communauté universitaire et procède par élection dans les différents conseils. Cet engagement se fait en fonction du corps et du grade auxquels on appartient. Cette fonction est double, elle se fait toujours dans le cadre d’une entité politique plus globale que les entités basiques d’appartenance, le département et le laboratoire. Cependant, c’est bien pour une UFR, pour l’université que les votes des élus doivent se faire. Par contre, le rôle plus particulier des élus par rapport à leur département et leur laboratoire d’origine est un rôle de médiation afin de faire circuler l’information et la réflexion : ce n’est pas une médiation qui pour but premier de résoudre les différents corporatismes pouvant exister au sein d’une université, mais bien de résoudre la tension entre le plus local et le plus global. J’ai pu éprouver ce niveau en étant élu quatre ans au conseil scientifique de cette université, membre de son comité de mise en place de la réforme LMD, et du groupe de réflexion sur la refonte de son site internet.

Au niveau de l’enseignement, je me contenterai de me situer dans une volonté de ne pas opposer les parcours recherche et professionnel. Je ne veux pas dire qu’il n’y a pas de spécificités qui relèvent de formations à l’écriture, aux normes de la pratique scientifique mais je ne crois pas que la maîtrise de logiciels et que la pratique du stage soient néfastes à la recherche et, réciproquement, force, est de constater comme le signale Christian Morel DRH-sociologue de Renault, que les pilotes d’avion sont actuellement formés en cas de catastrophes non plus à des méthodes de type « école », mais à une sociologie du cockpit. Le propos ici n’est pas de former des pilotes d’avion ni de dire amen à la gestion des ressources humaines du voiturier qui a montré ses limites, il y a encore peu de temps, mais d’affirmer la spécificité et la qualité des formations universitaires jusque dans la professionnalisation et cela sans devoir se référer seulement à des modèles extérieurs à l’université. La réflexion sur les formations universitaires doit aussi se faire depuis l’université. Je ne cherche pas à montrer que formations professionnelle et recherche doivent mener à tout et, du coup, à résumer les qualités universitaires à des notions d’adaptabilité et d’autonomie, mais je ne suis pas assez déterministe pour définir les conditions qui feront qu’un étudiant deviendra un bon professionnel de la profession ou un bon chercheur de métier, et pourquoi, pas les deux ? Une des questions qui se pose dès maintenant étant la professionnalisation des doctorants et des docteurs : la capacité à transformer les mentalités et à considérer le doctorat, non seulement comme le plus haut grade de diplôme de l’université de la république mais aussi comme une première expérience professionnelle lourde.

La recherche procède selon deux modes de relations au financement avec ou sans contrat, deux modes de relation aux institutions avec ou sans convention qui définissent habituellement une opposition entre recherche fondamentale et recherche appliquée. Cette opposition est de plus en plus perturbée. Il faut rajouter un nouveau type de subventions et une logique de programme dont la figure exemplaire est le programme de l’ANR. Un autre type de distinction apparaît dès lors qu’on considère la recherche individuelle et la recherche collective, qui interroge trois capacités : celle à travailler de façon autonome, celle à s’intégrer dans un programme et la capacité à en conduire un.

C’est ainsi que depuis 1999, je me suis inscrit dans un programme de recherche conduit par Emmanuel Ethis sur les publics des festivals que cela soit d’Avignon ou de Cannes. Actuellement, je suis auprès du DEPS et aux côtés d’Emmanuel Ethis et de Jean-Louis Fabiani responsable scientifique de l’enquête sur les publics du Festival d’Avignon. Dans cette période, j’ai aussi été amené à collaborer avec des chercheurs des deux origines disciplinaires dont je suis issu : sciences de l’information et de la communication, notamment avec des sémiologues et sociologie. Deux lieux privilégiés de ces collaborations ont été l’enquête sur les publics du château d’If sous la direction de Daniel Jacobi et d’Emmanuel Ethis et le groupe Télévision, culture, patrimoine dirigé par Virginie Spies.

Le troisième temps de mon intervention arrive, et au regard du temps qui reste, je ne vais pas ici réénoncer oralement les thèmes de recherche que je souhaite développer au sein du laboratoire culture et communication. Mais, avant tout, je tiens à repréciser que je ne sais pas quel point ces objets peuvent présenter une cohérence de traitement, mais que pour moi, ils peuvent être étudiés sous l’angle de ce que certains décrivent comme une expérience esthétique, d’autres, une phase liminaire, ou autrement dit, ce qui dans la culture nous change et nous amène à être encore plus nous-même :

Pour conclure, je vous dirai qu’en cette année 2007, j’ai 29 ans, j’ai envoyé des dossiers de candidatures à Avignon, à Grenoble 2, à Grenoble 3, Metz, et Paris V. Le sens de ces envois et de ces candidatures est celui de l’épreuve d’un dossier scientifique, pédagogique et administratif dans le monde universitaire français. Ces lieux représentent pour moi deux tendances cohérentes qui sont constituantes de mon identité mais aussi du projet que je choisis de défendre devant vous aujourd’hui : communication et culture, et ce, au travers, dune approche sémio-sociologique.

Penser ma professionnalisation, mon universitarisation -ce qui m’amène à affaiblir devant vous ou plus exactement à complexifier l’opposition entre « professionnel de la profession » et chercheur- me force à penser le rôle extra universitaire qui fait partie en soi de l’activité universitaire : je compte si je suis recruté à l’université d’Avignon continuer l’expertise théâtre auprès de la DRAC PACA, j'aspire à devenir membre du conseil d’administration de la Maison Jean Vilar, et je reste, après avoir été un des fondateurs des nuits des cinéfils et filles, membre de leur conseil d’administration.

Mon identité universitaire est donc bien avignonnaise, car pour moi, la nature avignonnaise du Département des sciences de l’information de la communication est profondément universitaire : il représente un des lieux fort du projet universitaire français, européen et international. Ainsi, si une identité universitaire avignonnaise est implantée dans un territoire local, elle doit aussi être implantée dans un territoire plus global qui correspond au territoire de l’université en général et celui-ci peut passer par l’EHESS, par l’Université de Québec à Montréal, par Harvard et par l’université Léopold Sedar Senghor d’Alexandrie. Ces institutions scientifiques font partie de celles avec lesquelles j’ai pu nouer des liens depuis l’Université d'Avignon.

C’est pour toutes ces raisons que je postule à l’Université d'Avignon, au sein du département des sciences de l’information et de la communication et que de toutes les façons, même si je n’étais pas recruté, aujourd’hui, je souhaiterais pouvoir garder des liens forts avec le laboratoire culture et communication.

Aucun commentaire: