mardi, avril 14, 2009

Avignon - Coups de chapeau - A la pointe de la recherche

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Publié le 09/03/2006 N°1747 Le Point


Didier Josselin et Cyrille Genre-Grandpierre

Les « fous » du volant

Comment sortir de la dépendance automobile ? Telle est la question sur laquelle planchent ensemble, au sein de l'unité mixte de recherche (UMR) Espace, Didier Josselin et Cyrille Genre-GrandPierre. Le premier, chercheur au CNRS, spécialisé dans la cartographie animée et l'analyse exploratoire des données, a mis au point un système de transports à la demande, à mi-chemin entre le taxi et le bus. Ce système est déjà appliqué en milieu semi-rural dans le Doubs central. Une technologie que développe la société Prorentsoft, dont Didier Josselin est le fondateur. Maître de conférences, Cyrille Genre-Grandpierre s'intéresse, lui, à la « métrique des réseaux » : « Il s'agit de construire des réseaux routiers qui par leur agencement et leur fonctionnement soient moins profitables à la voiture, et qui laissent leur chance aux autres modes de déplacement », explique- t-il. Tous deux ont organisé l'an dernier un colloque international sur les systèmes d'information géographiques, reprenant ces questions.

Vincent Marc

Le sourcier scientifique

Hydrologue de 39 ans, Vincent Marc est enseignant-chercheur depuis 1996 au sein du laboratoire d'hydrogéologie, l'un des rares recensés en France. L'objet de ses travaux ? Comprendre comment l'eau circule dans les terrains, afin de gérer la ressource sans la perturber. « Nous utilisons des traceurs afin de déterminer comment les eaux se mélangent, et depuis quand l'eau de pluie est restée dans le sol. Cela nous permet notamment d'évaluer le temps qu'il faut à une eau pour se renouveler dans un endroit précis. » Après avoir étudié l'apport du Rhône et de la Durance dans la nappe de la Durance, qui alimente Avignon, il cherche aujourd'hui à comprendre les mécanismes d'écoulement des eaux dans des secteurs très érodés des Alpes-de-Haute-Provence : des zones de marnes (mélange d'argile et de calcaire) qui, lorsqu'il pleut, colmatent les retenues sur la Durance et ses affluents, rendant ces ouvrages inutilisables. Originaire de Rouen, Vincent Marc a travaillé pendant six mois, l'an dernier, au sein du prestigieux Centre d'écologie et d'hydrologie (CEH) de Wallingford, en Angleterre, sur l'impact de l'évaporation des forêts sur la ressource en eau d'un secteur naturel du pays de Galles. Il participe aussi avec l'Inra à un projet national sur l'impact des écoulements rapides sur la recharge et la qualité des nappes phréatiques.

Anne Pélissier

Les contrats comme passion

Cette jeune professeur montpelliéraine de 34 ans enseigne depuis septembre 2002 le droit civil, le droit international privé et le droit de la bioéthique à l'université d'Avignon. En outre, au sein du laboratoire biens, normes et contrats, qui compte une vingtaine de chercheurs, elle travaille sur les relations entre la personne humaine et le contrat. « En droit, il est en principe impossible qu'une personne soit objet de contrat. Or, lorsque l'on observe les transferts de footballeurs, on peut s'interroger sur le respect de cette règle fondamentale. N'est-elle pas détournée ? explique cette passionnée de droit. Dans quelle mesure la norme contractuelle permet-elle d'organiser la réification de la personne humaine, c'est-à-dire sa régression au rang de chose ? » Des travaux qu'elle expose dans un cours de troisième cycle et qui devraient bientôt faire l'objet d'une publication.

Marie-Claude Arnaud

Une mathématicienne internationale

Normalienne, directrice du laboratoire d'analyse non linéaire et géométrie, Marie-Claude Arnaud est l'une des rares femmes professeurs d'université en mathématiques. Passionnée par la recherche fondamentale, elle s'est spécialisée dans les systèmes dynamiques (des systèmes qui évoluent au cours du temps). Ce champ de recherche, qui connaît un renouveau en France depuis une vingtaine d'années, trouve des applications dans un grand nombre de phénomènes physiques : l'étude du mouvement des planètes, des trajectoires des satellites, ou encore de l'effet papillon en météo. A 43 ans, cette chercheuse de renommée internationale, qui a publié deux Mémoires à la Société mathématique de France, regrette que sa discipline attire de moins en moins d'étudiants. « Nous avons pourtant une très bonne école de maths en France » , souligne-t-elle.

Emmanuel Ethis

Le sociologue du cinéma

Venu à Avignon au début des années 90 pour étudier la communication dans le domaine du théâtre, Emmanuel Ethis, 39 ans, s'est rapidement passionné pour la sociologie du cinéma. « Le cinéma est le seul objet culturel fort dont toute personne a eu l'expérience au moins une fois dans sa vie. Aimer un film, c'est se définir à travers lui » , explique-t-il. Responsable adjoint du laboratoire culture et communication, un des piliers de l'université regroupant une quarantaine de chercheurs, il a à coeur de développer ce champ d'études, très peu exploré en France, contrairement à la sociologie de la littérature ou de la peinture. Auteur de « Sociologie du cinéma et de ses publics » (Armand Colin, 2005), Emmanuel Ethis prépare de nouveaux ouvrages sur la sociologie des stars et sur le rapport des cinéphiles au temps, ainsi qu'un livre sur la sociologie des comédiens. Vice-président du conseil d'administration de l'université, il poursuit également l'étude de la sociologie des publics des festivals, dont le deuxième tome, consacré à Avignon (après Cannes), paraîtra l'an prochain.

Guy Lobrichon

Un médiéviste passionné par les bibles

Ancien maître de conférences au Collège de France, Guy Lobrichon travailla avec l'historien Georges Duby pendant une vingtaine d'années. Arrivé en 2002 à l'université d'Avignon, ce médiéviste, directeur du laboratoire d'histoire, a choisi de donner des cours de la première année de DEUG au DEA. Spécialisé dans l'étude des éditions de la Bible au Moyen Age, il se consacre aux bibles géantes du XIe siècle, dont l'agencement des livres illustre les principes de la Réforme grégorienne, à une bible de poche du XIIIe siècle témoignant du développement des techniques d'écriture, ou encore à une bible ornée d'illustrations guerrières au temps des premières croisades... « Les historiens ont beaucoup à y glaner » , explique-t-il. Passionné par le thème de la musique comme « expression d'une société » , il a traduit « Le pontifical de la curie romaine », un livre de liturgie du XIIIe siècle qui accompagnait les cérémonies du pape. Eclectique, il a publié l'an dernier un livre consacré au personnage d'Héloïse (« Héloïse. L'amour et le savoir », Gallimard), moins connu que son amant Abélard. Il travaille aussi à la création d'un Centre d'études médiévales sur l'Europe avignonnaise. Ses derniers travaux portent sur le patrimoine matériel et immatériel tel que le concevaient la société et les familles des élites au Moyen Age.

Paola Ranzini

La commedia dell'arte

Elle rêvait de faire du théâtre ; elle a fini par l'étudier. Professeur d'italien, Paola Ranzini, 41 ans, a rejoint il y a deux ans l'équipe d'accueil d'études théâtrales de l'université, après un passage par l'université de Nice. Ancienne collaboratrice de Giorgio Strehler à Milan, elle a publié en Italie les éditions critiques des pièces et des Mémoires de Goldoni. Ses travaux portent aussi bien sur l'esthétique théâtrale que sur l'histoire « matérielle » du théâtre. A ce titre, elle s'est spécialisée dans la commedia dell'arte, telle qu'elle était jouée à Paris à la fin du XVIIIe siècle. Ses études se fondent sur une source inédite : un catalogue des objets, déniché à l'Opéra de Paris, et composé de 155 fiches recensant les décors, accessoires et personnages des pièces jouées à l'époque. « Comme les pièces n'étaient pas écrites, à l'exception de leur canevas, cela me permet de reconstituer leur action » , explique-t-elle. Un travail qu'elle publiera bientôt (la partie sur Goldoni l'a été en 2004), dans l'espoir de faire revivre le genre sur scène

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