mardi, juillet 17, 2007

« Bafouillons»




Lorsqu’on mène une enquête sur le public d’Avignon, on peut être confronté à des spectateurs qui déclinent de répondre à un questionnaire sous prétexte qu’ils considèrent n’être pas des spectateurs comme les autres. La plupart du temps, ces refus sont le fait de personnes qui pensent avoir une telle proximité avec les mondes de la culture qu’en conséquence, ils seraient disqualifiés en tant qu’ « authentiques spectateurs ». Pourtant, le contexte de festival favorise fréquemment le fait que s’annihilent les barrières entre producteurs de l’œuvre, les artistes, et leurs audiences, le public, les critiques ; ces barrières disparaissent par le fait d’une proximité plus grande, du temps partagé ou bien encore d’une disponibilité inédite des uns et des autres. Il s’agit là d’une qualité inhérente à un festival comme celui d’Avignon que celle qui amène les uns et les autres à occuper à un moment ou à un autre la condition de spectateur.

On peut, entre autre, penser à la sociabilité des compagnies de théâtres entre-elles qui vont assister aux représentations les unes des autres. Mais, on pourrait aussi citer la visite Bernard Faivre d’Arcier , dit BFA, à Monsieur Bafafa : en 2002, la compagnie le PHUN offrait un spectacle déambulatoire au Fort Saint-André de Villeneuve-Lez-Avignon. Au cours de cette ballade-spectacle, le spectateur croisait Les Gûmes , personnages mutants, mi-végétaux, mi-humains. Le 12 juillet 2002, parmi les 125 spectateurs constituant le public, le directeur du Festival arpente le Fort Saint André et se retrouve face à un autre lui-même. Vingt-deux ans après sa première arrivée à la direction du Festival, Bernard Faivre d’Arcier est donc face à Monsieur Bafafa, mais fait de patates et autres légumes. Face à sa marionnette, le directeur ne sourit que du bout des lèvres, surtout, que le manipulateur qui prête sa voix à Monsieur Bafafa n’a pas reconnu son modèle « en vrai » et en semble en remettre une couche.

Autour des deux BFA, quelques spectateurs ont reconnu le directeur du Festival et, sourient, eux, franchement. Un enfant, âgé d’environ huit ans, rejoint ses parents qui sont en train de se chuchoter quelque chose à l’oreille en regardant du coin de l’œil la marionnette et son double humain. Le petit garçon demande à haute et intelligible voix, comme savent le faire les enfants cet âge : « De qui vous parlez ? ». Les parents le reprennent : « Vincent ! ». Bernard Faivre D’Arcier rie franchement et, avant de filer, jette un regard amical. Si ce moment ne relève pas de la communion, on peut au moins le décrire sous le régime de la complicité.

2 commentaires:

Yannick Vernet a dit…

Bonjour Damien,

je suis très content de découvrir ton blog et attend le 1 août, jour où je prendrai quelques jours de repos bien mérités dans les Cévennes, pour prendre le temps de lire son contenu plus en détails...En attendant le moment de pouvoir lire ta thèse!

Bien amicalement
Yannick

Fabiani a dit…

La chose devait arriver. Lisette m'a tagué. Ce qui veut dire que je dois dire cinq choses que je n'ai jamais dites aux lecteurs et taguer moi-même cinq autres bloggueurs. Je m'exécute, même si je ne suis pas un inconditionnel des chaînes. Les cinq inédits d'abord :

1° Le premier disque que je me suis acheté était le 33 tours 30 cm de Claude François sur lequel il y avait "Belles, belles, belles", "Des bises de moi pour toi" et "Pauvre petite fille riche". J'ai perdu le disque lors d'un déménagement en Corse. L'année de l'achat : 1963.

2° C'est en voyant le Barbier de Séville, avec le regretté Gabriello, dans la cour de la mairie de Venaco, que je suis devenu fan de théâtre. L'année : incertaine. Probablement entre 1959 et 1961.

3° Je dois rassurer régulièrement ma famille lorsque je brocarde gentiment mes amis Roger et Stéphane sur le blog. Ma mère croit qu'ils vont venir la nuit me casser la figure et mon fils croit que ma réputation de sociologue est perdue. Je les rassure tant bien que mal.

4° L'écrivain vivant français que je préfère est Christian Gailly.

5° Je possède une oeuvre de Cueco (La route d'en haut). Comme moi, Cueco adore deux femmes sociologues, Raymonde Moulin et Nathalie Heinich. Vous voyez que j'aime un grand nombre de mes collègues.

Pour ce qui est des tags, je suis un peu embarrassé. Je vais réfléchir et j'en donnerai un par jour. Le premier choisi, parce qu'il s'agit aussi d'une remarquable collègue, est le Sémioblog de Virginie Spies (blogroll).
Inutile de maintenir un suspense fictif : les autres tagués sont : Emmanuel Ethis, Damien Malinas, Baptiste Coulmont et José Luis Moreno Pestana.