samedi, octobre 30, 2010

Universités : valoriser l'engagement culturel ?





Universités : valoriser l'engagement culturel ?

L’engagement associatif des étudiants pourrait être reconnu dans l’obtention de leur diplôme universitaire. C’est le vœu formulé par Valérie Pécresse à l’occasion de la remise du rapport de la commission "Culture - Université".

"Je souhaite que les engagements collectifs des étudiants, et notamment les engagements associatifs, soient mieux reconnus et valorisés, en allant pourquoi pas jusqu’à l’attribution de crédits ECTS", a déclaré la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

En outre, une vidéothèque numérique devrait mettre à la disposition des étudiants "via leur espace numérique de travail, tous les chefs-d’œuvre du 7e art auxquels ils sont de moins en moins nombreux à accéder".

Enfin, Valérie Pécresse a insisté pour chaque PRES (Pôle de recherche et d’enseignement supérieur) se dote "d’un projet culture, bâti en partenariat avec le CROUS (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires)".

Intégrer davantage la culture dans les universités françaises




Planchon : culture et université
C'EST LA VIE - 31/07/1979 - 04min39s


Deuxième des cinq interviewes de Roger PLANCHON sur différents thèmes, aujourd'hui les rapports de l'université et de la culture : "l'université peut s'ouvrir sur l'industrie ou l'art. Je souhaite une ouverture du personnel enseignant vers l'art. Les artistes ont été pris en compte dans le TPS par les nobles, les bourgeois et les riches, aujourd'hui c'est l'université qui peut le faire, comme cela se passe aux USA ".

Intégrer davantage la culture dans les universités françaises
La commission "Culture-Université" a soumis à Valérie Pécresse 128 propositions visant à renforcer et à rendre plus visibles les liens qui unissent culture et université. S'inspirant de ce rapport, la ministre prône une véritable politique culturelle d'établissement ancrée dans un territoire.

Tendre vers "une véritable politique culturelle d’établissement". C'est l'esprit du rapport "De la culture à l’Université : 128 propositions" remis à Valérie Pécresse par la commission "Culture- Université". La commission, animée par Emmanuel Ethis, ne définit pas une seule et unique politique culturelle nationale à appliquer aux universités. Elle se fonde, au contraire, sur des actions d'ores et déjà conduites sur le terrain afin d'en tirer un répertoire des meilleures pratiques, pouvant inspirer un grand nombre d'universités.

Valérie Pécresse s'est appuyée sur ce rapport pour dégager les grandes lignes d'un projet culturel universitaire qu'elle souhaiterait voir mis en place au sein des universités.
Développer les partenariats entre universités et écoles d'art

La ministre souhaite décloisonner l'enseignement supérieur et l'enseignement artistique et culturel. Ils pourraient s'associer davantage pour construire des actions culturelles communes. Pour Valérie Pécresse, le système d'enseignement supérieur doit ouvrir largement ses portes aux écoles d'art et aux établissements relevant du ministère de la Culture.

Les étudiants de huit écoles d'art parmi lesquelles les conservatoires nationaux supérieurs de musique et de danse de Paris et de Lyon et l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs (Ensad) se sont ainsi vu délivrer le grade de master.

"Et ce n’est qu’un début, car dans les mois qui viennent, ce sera la totalité des 52 écoles qui délivrent le diplôme national supérieur d’expression plastique (DNSEP) ou un diplôme équivalent qui aura été évalué par l’Aeres avec, à terme, si l’évaluation est positive, le grade européen de master pour leurs étudiants", souligne Valérie Pécresse.
Ouvrir les enseignements disciplinaires à la culture

Les étudiants doivent être ouverts à d'autres disciplines que les leurs. C'est pourquoi "nous devons réfléchir à la possibilité d'offrir à tout étudiant des enseignements d'ouverture dans les champs qui ne sont pas les siens", souligne Valérie Pécresse.

Le plan Licence intègre cette notion de culture générale. En voulant faire du premier cycle un cycle progressif, on donne le temps aux étudiants de mûrir leurs choix, leurs projets professionnels. Et ce temps à soi, c'est aussi permettre aux étudiants de se faire une culture, "une culture qui les enrichira sur le plan personnel et intellectuel", ajoute la ministre de l'Enseignement supérieur.
Se forger une identité commune au sein des établissements

Afin de développer le sentiment d'appartenance des étudiants à leur établissement, leurs engagements collectifs, et notamment les engagements associatifs, devraient être mieux valorisés et reconnus,"en allant, pourquoi pas, jusqu'à l'attribution de crédits ECTS".
Les bureaux des étudiants (BDE), piliers de la communauté universitaire, pourraient devenir de véritables relais de l'action culturelle dans les établissements. "Au bout du processus, il pourrait y avoir une charte des BDE, qui définirait nos ambitions partagées pour la vie culturelle étudiante", souligne Valérie Pécresse.
gouvernement.fr

vendredi, octobre 29, 2010

L’extension du domaine de la jeunesse

Préparation de l’intervention de Reims – 19 octobre 2010
Spectacle jeune public : de nouvelles voies pour demain
Les 19 et 20 octobre 2010 à La Comédie de Reims

JOURNÉES PROFESSIONNELLES PROPOSÉES PAR :
Joël SIMON, Méli’môme/Nova Villa
Nicolas MARC, La Scène
Cyrille PLANSON, La Scène
En collaboration avec l’ORCCA

Les intervenants de ces journées
> Sylvie Octobre, chargée d'études au département des études, de la prospective et des statistiques (DEPS - ministère de la Culture et de la Communication)
> Karin Serres, auteure, metteure en scène, scénographe
> Laurent Dupont, metteur en scène, comédien G Christian Duchange, metteur en scène,
directeur artistique de la compagnie L’Artifice G Étienne Gruillot, philosophe
> Damien Malinas, maître de conférence à l’université d’Avignon et des Pays du Vaucluse
> Raphaël Roth, doctorant à l’université d’Avignon et des Pays de Vaucluse
> Marie-Hélène Popelard, maître de conférences en philosophie et en esthétique à l'IUFM de Poitou- Charentes
> Fabio Naggi, directeur administratif de la compagnie Stilema (Italie)
> Laura Graser, programmatrice du Traffo (Luxembourg)
> Pernille Welent Sörensen, coordinatrice de projets au Teater Centrum (Danemark)
> Marie-Christine Bordeaux, maître de conférence en Sciences de l'information et de la communication de l’université de Grenoble 3
> Pascale Daniel-Lacombe, directrice du Théâtre du Rivage à Saint-Jean-de-Luz
> Emmanuelle Ludinart, animatrice jeunes enfants du Centre social Torcy-Cités à Sedan

Débats animés par Cyrille Planson, rédacteur en chef de La Scène et Brigitte Patient, journaliste

Damien Malinas développe l'ensemble de ses recherches au sein de l’équipe Culture et Communication dans le cadre du centre Norbert Elias autour de l'axe PUBLICS DE LA CULTURE - cinémas, festivals, événements- [sous la responsabilité scientifique d'Emmanuel Ethis (PR UAPV)]. Il est principalement chargé des questions afférentes à la transmission de la culture, du renouvellement de ses publics et des performance studies.
Enseignant - Chercheur / Maître de Conférences Responsable du MASTER PUBLICS DE LA CULTURE ET COMMUNICATION -Festival Cinémas Événements Télévisions- de la mention Stratégies du développement culturel du Département des Sciences de l'Information et de la Communication / Chargé de Mission Culture et Associations Culturelles de l'Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse

Raphaël Roth est doctorant au sein de l’équipe Culture et Communication dans le cadre du centre Norbert Elias autour de l'axe PUBLICS DE LA CULTURE - cinémas, festivals, événements- [sous la responsabilité scientifique d'Emmanuel Ethis (PR UAPV)] et sous les responsabilités scientifiques d'Emmanuel Ethis et Damien Malinas :
> Études des pratiques culturelles croisées (écoute musicale, pratique cinématographique)
> Publics de la culture, du cinéma et des grands festivals.

Pour eux, si l’entrée « jeunes publics » par la tranche d’âge conduit à mesurer l’importance relative de l’influence familiale, le fait d’être obligé de reconsidérer la jeunesse des pratiques au Festival d’Avignon, en s’appuyant notamment sur la première fois tardive, pousse plutôt à envisager l’autonomisation d’une pratique par rapport au milieu de transmission primaire de celle-ci, voire même l’émancipation de soi par rapport aux deux instances de socialisation que sont la famille et l’école.

L’extension du domaine de la jeunesse



« Comme elle est longue à mourir ma jeunesse »
Michel Legrand

Dans la mise en oeuvre des politiques de démocratisation culturelle, dans ce schéma défini par Malraux et d'autres, n'a-t-on pas oublié quelque peu la question du jeune public ?

Peut-être, faut-il commencer par l’invention récente de la jeunesse, qui est une invention récente. Si la prise en compte sociale de l’enfance date du XXe siècle, on sait à quel point les années soixante, et particulièrement 68, sont un moment important en ce qui concerne l’émergence de la considération de la jeunesse mais aussi pour la démocratisation culturelle. On doit se souvenir de la déclaration de Villeurbanne. C’est aussi un moment où va se penser la question plus particulière de l’enfance pour le grand public, notamment avec Dolto. La question du jeune public arrive sur ce terrain-là : celui de l’animation et de la médiation culturelle des années 70. On se réfèrera plus particulièrement aux travaux de Jean Caune pour comprendre cette époque et on continuera à interroger son point de vue à partir des travaux qu’il a conduit avec Marie-Madeleine Mervant-Roux et Marie-Christine Bordeaux. André Malraux ne se pose pas cette question mais commence par poser celle de la culture pour tous. Jack Lang aborde la question des jeunes publics à travers celles des cultures populaires et celle de l’éducation.

Mais, à vrai dire, nous ne sommes pas des spécialistes de l’histoire culturelle et c’est à travers le prisme des festivals que nous pouvons reposer cette question. Le cas du Festival d’Avignon est ici exemplaire. La question du jeune public y arrive dans les années 80. On note la présence d’une compagnie permanente qui s’appelle le théâtre Tremplin. Un dispositif spécifique va s’inventer dans les années 90 : l’association d’Eveil artistique des jeunes publics piloté par Yvon Javel puis, depuis 2003, par Claire Wilmart. Dans cette période, on va passer d’une volonté de reconnaissance par le monde de l’éducation à une reconnaissance institutionnelle notamment par les DRAC. On voit le processus de reconnaissance réciproque du genre par le dossier de subvention et par le politique. Dans nos liens avec la DRAC et les DAC de notre territoire, nous avons pu nous voir expliquer : « un jeune spectateur, c’est deux parents » . C’est une version un peu cynique des transformations du monde de la culture, que l’on nomme parfois « l’effet Jack Lang » : comment un objet, un genre, une esthétique devient un enjeu et est approprié par tous et chacun au risque, par opportunisme, de fragiliser des manières de faire construites dans le temps.

Le(s) jeune(s) public(s) ont longtemps marqué la question du moment où on commence le travail de formation du spectateur. Il faut commencer ce travail de formation des publics le plus tôt, mais il faut ne pas, à l’école du spectateur, s’étonner de travailler « alors et aussi » avec des publics sursélectionnés socialement. Si le jeune public est à la fois un genre, une esthétique construite dans le sillon de la démocratisation culturelle, c’est dans sa capacité à accroître une dimension de plus en plus rare et précieuse : le temps. Le théâtre tient un rôle particulier dans la question du jeune public à condition de ne pas être, comme avec le « non public », un renoncement à une ouverture des publics. Dans les années 90, on a donc un genre spécifique dans des dispositifs spécifiques qui ont permis cette ouverture. Au-delà du Festival d’Avignon, on peut ici citer le TNG (Théâtre Nouvelle Génération) du Centre Dramatique National de Lyon.

Dans les années 2000, on va assister à la superposition de questions qui ont l’avantage d’avoir l’air de fonctionner naturellement ensemble : la jeunesse et la notion de « renouvellement des publics ». On voit se dessiner un détournement de l’ouverture des publics en termes de classe sociales vers l’ouverture en termes d’âge et en quelque sorte une instrumentalisation communicationnelle du jeune public. Par peur d’un vieillissement et des cheveux blancs, à défaut de coloration permanente, « il faut renouveler le public ». Pour renouveler les publics, on va penser les « jeunes publics » sans dire qu’on est quasiment en train d’inventer une date de péremption des publics. Et, on voit ici un traitement profondément différent entre les dispositifs spécifiques qui prétendent à l’intergénérationnel et un traitement intégré du jeune public comme un supplément d’âme. Au sein du festival d’Avignon, le Off intègre les horaires du matin comme une niche particulièrement viable pour le jeune public et le In se rend ainsi accessible. Dans le domaine musical on a vu récemment l’intégration de la question du « jeune public » aux Transmusicales ou aux Vieilles Charrues.

C’est en quelque sorte une extension du domaine de la jeunesse : le jeune public doit s’adresser à tout le monde -tous publics- dans des dispositifs pour tout le monde. En parallèle, nous prétendons à une jeunesse plus tardive. Or, le travail qui est fait dans le jeune public est exemplaire dans sa spécificité et non dans une simple reproductibilité ou transférabilité. Mais, lorsqu’on mesure les effets des politiques « jeunes publics » à 18 ans, on ne doit pas s’étonner et se lamenter que Proust ne soit pas lu par tous.

N'est-ce pas un oubli aux conséquences lourdes ?
À l’heure actuelle, le problème n’est pas l’oubli mais bien le fait que tout le monde revendique le jeune public.

Hors de l'éducation artistique, ce champ de la création et de la diffusion a été longtemps mésestimé. Aurait-il pu servir de socle aux politiques de démocratisation culturelle ?
La question de la mésestime est compliquée. Mais en tant que forme dominée, le « jeune public » reproduit les catégories des formes dominantes et commence très souvent par critiquer les formes les plus populaires de la culture. On reconnaîtra ici un certain nombre de discours sur la télévision, le cinéma, Disney. On peut lire dans certains éditos de lieux « jeune public » : « Manger et parler en regardant, cela se fait devant son poste de télévision, arriver ou sortir de la salle à n’importe quelle heure, cela se fait au cinéma. Pas au théâtre ! »

Mais, peut-être, est-il plus question de la centralité du théâtre dans les pratiques culturelles que de celle du jeune public ? En fait, le « jeune public » est un socle pour la démocratisation culturelle s’il y a une continuité au-delà du réputé passage à l’état adulte. On peut décider de mesurer la réussite ou l’échec des actions « jeune public » a « 18 ans », mais ce qui est semé peut se récolter à 30 ou 40 ans. On sait que les pratiques populaires sont les plus tardives, et c’est peut-être à la retraite, à 60 ans ou plutôt à 70 ans, que ce socle du jeune public servira. Cela veut donc dire aussi qu’il peut ne pas servir, car aucune expérience esthétique ne saurait être résumée à demain.

Comment prendre appui aujourd'hui sur sa richesse, sa diversité et son émergence progressive ?
S’agit-il d’émergence à propos du « jeune public » ? L’ANRAT, l’INJEP, la Scène …. ont déjà une longue et ancienne réflexion sur le jeune public. Le « jeune public » en tant que catégorie n’est pas en voie d’émergence, mais plutôt en précarité émergente. Sur la diversité et richesse du jeune public, il ne suffira pas de supprimer la télévision pour remplir les salles de théâtre. Conceptuellement, il faut penser les pratiques de la jeunesse dans leur écologie jusqu’aux jeux vidéo, aux camarades de cour, au sport comme le fait Sylvie Octobre qui prend réellement en compte la notion de diversité.